🚢 L’homme derrière l’empire Vanguard

Et qui a dit non aux frais.
Lettre n°74 — Mercredi 30 Avril
Cher Lecteur, Chère Lectrice,
Je suis heureux de te retrouver pour une nouvelle édition de ma newsletter, pour te raconter l'histoire du père de la gestion passive.
Pour cela, Simon Kiennemann te propose un voyage sur les traces de John C. Bogle, l'homme qui a rendu l'investissement accessible à tous en s'attaquant aux frais cachés.
Tu retrouveras ensuite mon habituel point de marché, ainsi qu'une analyse macroéconomique de Valentin Aufrand sur l'impact des nouveaux tarifs douaniers imposés par Donald Trump.
🚢 L’homme derrière l’empire Vanguard
💡 Coup de projecteur sur Avenue des Investisseurs
📺 Point de marché - Épisode 49
🔍 L’administration Trump joue contre la montre
📊 Les ETF vont ils provoquer une bulle ?

😂 Le meme à faire tourner

🚢 John Bogle : L’homme derrière l'empire Vanguard
Par Simon Kiennemann, inspiré d'une idée de Ruben Hassid (ami de Nicolas et admirateur de Bogle)
Dans le monde de la finance, peu de noms sont aussi respectés que celui de John C. Bogle. Fondateur de Vanguard, il est l'homme à l'origine d'une véritable révolution : l'investissement passif.
Loin des traders survoltés de Wall Street, Bogle mettait en avant une approche basée sur la patience, la diversification et la logique des intérêts composés.
Voici son histoire.

📉 Un enfant de la Grande Dépression
Né en 1929 à Montclair (New Jersey), durant la Grande Dépression, John Bogle grandit dans une famille durement touchée par la crise. Ses parents perdent tout, et son père sombre dans l'alcoolisme.
Ces événements marquent profondément son enfance, tant sur le plan personnel que dans sa compréhension des enjeux économiques.
Il entre chez Wellington Management, gravit rapidement les échelons et devient président des fonds communs de placement en 1970. Mais une fusion ratée qu'il a validée lui coûte sa place, une décision qu'il qualifiera plus tard de "sa plus grande erreur de carrière."
Incapable de gérer activement des fonds, il explore alors une voie encore marginale à l'époque : suivre passivement un indice boursier.
En 1974, cette idée le mènera à la création de Vanguard.

🥊 L'OVNI - Vanguard
Contrairement aux autres gérants d'actifs traditionnels, Vanguard n'a pas d'actionnaires extérieurs. Ce sont les clients eux-mêmes, via les fonds qu'ils détiennent, qui en sont les propriétaires.
Voici la différence clé :
- Dans un modèle classique, la société de gestion a des actionnaires à rémunérer, donc elle cherche à maximiser ses profits, souvent via des frais de gestion plus élevés.
- Chez Vanguard, il n'y a pas de profit à reverser à des actionnaires externes. Les bénéfices sont réinvestis au bénéfice des clients, notamment en abaissant les coûts.
En 1976, il crée le First Index Investment Trust, qui suit l'évolution du S&P 500. La presse le surnomme alors "Bogle's Folly" ("la folie de Bogle"). À l’époque, l’idée de se contenter de "suivre le marché" semblait absurde aux yeux de nombreux professionnels.
Mais à long terme, les chiffres lui donnent raison. Le fonds, rebaptisé plus tard Vanguard 500 Index Fund, est devenu l’un des plus grands au monde.

📜 L'investissement à la Bogle : simple, mais pas simpliste
Bogle défendra toute sa vie une approche radicale :
- Acheter le marché entier (ex. : un ETF S&P 500),
- Minimiser les frais,
- Garder ses investissements sur le long terme,
- Rééquilibrer périodiquement,
- Ne pas chercher à battre le marché, mais à le suivre efficacement.
Il résume sa philosophie par cette phrase :
"Ne cherchez pas l'aiguille dans la botte de foin, achetez la botte de foin."
👥 Les Bogleheads : quand Reddit devient un mouvement d'éducation
La philosophie de John Bogle ne s'est pas arrêtée à Vanguard. Elle s'est transformée en mouvement.
Leur mission ? Appliquer et transmettre les principes de Bogle :
- frais faibles,
- diversification,
- long terme,
- bon sens.
Sur les forums, on ne trouve ni promesse de fortune rapide ni gourou flamboyant. Mais des guides, des portefeuilles types, des simulateurs, des comparateurs de frais. Chaque sujet est débattu avec rigueur. L'émotion y est mise de côté, au profit des données, des probabilités, et du long terme.
Ils insistent sur le fait que la clé du succès n'est pas dans la prédiction, mais dans la constance : "Stay the course." ("Gardez le cap.")
Peu médiatisés, et loin des figures de l'influence, les Bogleheads incarnent une autre voie : lente, sereine, solide, et surtout, redoutablement efficace.

💥 L'impact des frais
L’un des grands combats de Bogle tient en une idée simple : Les frais, même faibles, peuvent vous coûter une fortune sur le long terme.
Et pour le comprendre, rien de tel qu’un exemple :
Deux scénarios s’offrent à lui :
- Fonds classique avec 1,5 % de frais annuels
- ETF à faibles frais avec 0,2 % de frais annuels
Voici l'impact au bout de 40 ans :
- Avec les ETF (0,2 % de frais) : il atteint plus de 1 100 000 €
- Avec un fonds classique (1,5 % de frais) : seulement 650 000 €

Ce n’est pas une histoire de chance ou de timing. C’est l’effet des frais sur le long terme. Chaque petit pourcentage compte.
Et ce pourcentage peut vous coûter des années d'investissement.
🔵 Un républicain teinté de bleu
John Bogle se définissait comme républicain. Mais, il n’en restait pas moins critique vis-à-vis de certaines dérives du capitalisme financier. Il a voté pour des candidats démocrates comme Clinton ou Obama, et plaidait pour davantage de régulation, notamment contre la spéculation à court terme.
Il était aussi connu pour son engagement philanthropique. Il a donné une partie significative de ses revenus à des hôpitaux, des écoles et diverses associations, en cohérence avec ses valeurs. Il affirmait que sa carrière n’aurait jamais été possible sans les bourses qui lui avaient été accordées, ni la médecine qui lui avait sauvé la vie.
En 2016, son fils crée la Bogle Fellowship à Princeton, pour soutenir la formation de jeunes leaders engagés. Un prolongement naturel d’un engagement de toute une vie.

🗳️ Une critique lucide de la gestion passive
S’il a porté la gestion passive au sommet, Bogle n’ignorait pas les problématiques qu’elle pouvait soulever.
Selon lui, cette situation méritait une attention particulière pour préserver un bon équilibre entre influence économique et intérêt général.
« Je ne crois pas qu’une telle concentration serve l’intérêt national »,
résumait-il.

🔍 L'héritage
John Bogle est décédé en 2019 à l’âge de 89 ans. Quelques mois avant sa mort, Warren Buffett déclarait :
"Si une statue devait être érigée pour honorer une personne qui a fait plus pour les investisseurs américains, c'est John Bogle que je choisirais, sans hésitation."
Son héritage ? Avoir démocratisé l’accès à l’investissement, encouragé des millions de particuliers à investir simplement à moindre coût. Et surtout, avoir prouvé qu’on pouvait bousculer l’industrie financière sans compromettre son éthique.
🚀 Appliquer la stratégie Bogle
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L'une des clés de la réussite selon John Bogle est de rester investi sur le long terme, sans chercher à battre le marché ni à multiplier les mouvements.
Pour la suivre au mieux, rien de plus efficace que de mettre en place des plans d’investissement programmés.
C'est exactement ce que permet Trade Republic : en quelques clics, vous pouvez automatiser vos plans d'investissement et laisser le temps faire son travail.
Vous pouvez ouvrir votre compte en cliquant ici :
🎁 Vous recevrez un cadeau de bienvenue en passant via mon lien (voir conditions).

💡 Coup de projecteur sur Avenue des Investisseurs
Lors des Finfluencer Awards d’Amundi, j’ai eu le plaisir de rencontrer Nicolas Decaudain, le fondateur du site Avenue des Investisseurs.

Cela faisait des années que nous échangions à distance, il était temps de se croiser en vrai ! En plus d'avoir un prénom magnifique, Nicolas fait un travail remarquable pour démocratiser l’investissement et la gestion financière auprès des particuliers.
Avenue des investisseurs (ADI) a été créé en 2018 et le site est devenu une référence pour les particuliers (200 000 visiteurs mensuels), les articles expliquent tout en pratique avec des exemples chiffrés : placements (immo, bourse...), fiscalité, défiscalisation, stratégies patrimoniales, épargne retraite...
Et cerise sur le gâteau : sa newsletter est tout aussi qualitative. Vous pouvez vous abonner en cliquant ici.
Ps : en vous inscrivant, vous recevrez même un extrait de son livre “Investissez votre épargne”, un bel ouvrage que je vous recommande.
📺 Point de marché
🟡 L'or s'envole (mais attention)
😨 La peur fait place à l'indécision
🔶 Bitcoin signe le divorce avec le Nasdaq ?

🔍 L’administration Trump joue contre la montre
par Valentin Aufrand
Les droits de douane « réciproques » introduits par le président Trump début avril 2025 ont provoqué une forte réaction sur les marchés financiers. Ces tarifs, pires que les scénarios les plus pessimistes, incluent une base de 10 % pour tous les pays, avec des taux plus élevés pour certains, notamment 125 % pour la Chine sur la plupart des importations.
Avant ces changements, le taux effectif moyen des droits de douane américains était d'environ 2,4 %, mais ce taux a désormais grimpé à plus de 20% selon The Budget Lab at Yale, le plus haut depuis 1901.
Taux moyen des droits de douane effectifs aux États-Unis depuis 1790 selon The Budget Lab :
Comme toute augmentation des taxes sur la consommation, ces droits de douane vont impacter négativement le volume des ventes. Cette augmentation des taxes équivaut à une perte de pouvoir d’achat moyenne de 4900$ par ménage en 2024, selon The Budget Lab at Yale, car les salaires ne devraient pas augmenter proportionnellement. En anticipation, les importations américaines ont atteint un record de plus de 320 milliards de dollars en janvier 2025, soit une augmentation notable par rapport à mars 2022 (295 milliards de dollars).
Si ces droits de douane, en particulier les 125 % imposés à la Chine, sont maintenus, les entreprises pourraient se retrouver dans une situation délicate. Contrairement à la période 2021-2022, où la demande mondiale était soutenue par une forte reprise économique et des politiques monétaires et fiscales expansionnistes, les entreprises sont aujourd'hui confrontées à une économie mondiale ralentie par la contraction des politiques monétaires et fiscales.
Pour protéger leurs marges, les entreprises pourraient donc réduire d'autres coûts, tels que l'emploi, augmentant ainsi le risque de récession. L'une des données clé à surveiller sera les demandes hebdomadaires d'allocations de chômage, qui présentent deux avantages importants par rapport au taux de chômage.
Tout d'abord, leur fréquence hebdomadaire (contre mensuelle pour les deux autres statistiques). D'autre part, leur fiabilité, puisque les inscriptions aux allocations chômage sont des données « réelles », alors que les deux autres sont estimés à partir d'enquêtes, et que le taux de réponse à ces dernières a fortement diminué ces dernières années, remettant en cause la fiabilité de ces données.
Evolution des inscriptions initiales à l’allocation chômage (gauche) et du taux de personnes bénéficiant de cette allocation (droite) :
Pour l'instant, malgré les efforts du DOGE pour réduire le déficit et les tensions commerciales, l'emploi n'a pas été affecté. Les nouvelles inscriptions hebdomadaires aux allocations de chômage sont stables, autour de 220 000 par semaine, tandis que le nombre total de chômeurs indemnisés est stable depuis deux ans (1,2 % de l'emploi assuré), ce qui signifie qu'il n'y a pas de vague de licenciements et qu'à peu près le même nombre de personnes qui perdent leur emploi parviennent à en trouver un nouveau.
En conclusion, le rebond du marché actions pourrait continuer à court terme, mais l’administration Trump joue contre la montre pour conclure des « deals » commerciaux pour éviter une récession, d’autant plus que la Fed préfère adopter une position « réactive » plutôt que « proactive » en raison du risque haussier sur l’inflation.
📊 Le sondage de la semaine : Les ETF pourraient-ils provoquer une crise ?
Chaque semaine, sur mes réseaux je te propose de participer à des sondages.
Voici les résultats de celui de la semaine dernière.
N'hésite pas à participer au sondage de la semaine prochaine et à le partager autour de toi pour avoir l'échantillon le plus large possible.
Résultats du sondage sur Twitter puis sur Linkedin.


Que ce soit sur LinkedIn ou Twitter, vous êtes une majorité à penser que l’essor des ETF ne représente rien d’inquiétant pour les marchés. Mais vous êtes tout de même près d’un quart à estimer que cela pourrait provoquer une bulle.
Pour ma part, je pense que la gestion passive a encore de la marge avant de poser un vrai risque systémique. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucune question à se poser ni aucune critique à formuler.
Comme l’a justement rappelé John C. Bogle, un vrai point de vigilance reste le sujet de la concentration du pouvoir de vote.
Aujourd’hui, les géants BlackRock et Vanguard détiennent une part massive du capital des grandes entreprises mondiales. Cette position leur apporte une capacité d’influence considérable, parfois en décalage avec l’intérêt général des actionnaires.
C’est donc un sujet qu’il faudra continuer à suivre de près dans les années à venir.
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Nicolas Chéron
Analyste et vulgarisateur boursier
C’est la partie “Soyons des adultes”. Avertissements sur les risques.
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